LOIN DE CORPUS CHRISTI
Texte : Christophe Pellet
Mise en scène : Anne Théron
Avec les étudiants de la 72ème promotion de l'ENSATT - Lyon
Création à l'Ensatt - Lyon
Répétitions : du 7 janvier au 16 février 2013
Représentations : du 18 février au 1 mars 2013
QUATRIEME SEMAINE : du 28 janv. au 1er fév. 2013
Autant la troisième semaine aura été difficile, autant la quatrième a marqué une progression. Le texte révèle ses plis et ses replis, et au fur et à mesure du travail d’incarnation nous découvrons le fil d’Ariane qui se déroule au creux des séquences et construit du sens.
Simone Amouyal, la directrice des études, me demandait jeudi soir pourquoi j’avais voulu monter ce texte. Je n’ai pas su lui répondre, sinon me remémorer ma première lecture où j’avais été impressionnée/emportée par cette structure sinueuse, entrelacs où les retours en arrière et bonds en avant nourrissent le récit par touches successives. Nous courons après le furet. Il est passé par ici, il passera par là. Inutile et vain de vouloir l’attraper, mais essentiel de savoir courir.
Ce n’est pas simple pour les comédiens qui ont besoin de construire leurs personnages. Dans ce dédale où le signifiant se glisse dans les creux du puzzle narratif, ensemble nous découvrons la mosaïque de motifs récurrents, telles que la pureté, la beauté, la jeunesse ou encore le propos politique qui propose l’anarchie comme seul moyen de penser et de résister. L ‘anarchie et la beauté, précise Norma.
Pourtant, au-delà de ce qui se dit, autre chose éclot, un quelque chose qui appartient à l’inconscient et à l’imaginaire, une pure fiction dont la maturation relève de la fracture de la narration, de ses multiples brisures, tel un prisme qui décomposerait la réalité pour l’orienter vers d’autres lumières.
Plus j’avance dans cette création, plus je constate une fois de plus la virtuosité de Christophe Pellet. Son écriture propose des repères pour mieux y échapper.
Ce n’est pas un hasard si l’objet résiste à tout élément naturaliste et si au final il ne restera que les costumes pour planter les balises nécessaires.
Ce n’est pas un hasard si l’objet exige différents degrés d’interprétations, convoquant aussi bien le jeu réaliste que le souffle du poème.
Ce n’est pas un hasard si nous avons été tous emportés dans ce glissement où la vague est la prémisse de la suivante, dans ses multiples variations.
Simone me dit également, lors de notre dîner, que ce travail l’a renvoyée à Godart. Bien que j’ai cité de nombreux films à mes comédiens et à mon équipe, je ne me suis pas référée à un cinéaste en particulier. J’ai cherché à créer une logique émotionnelle qui fasse résonner le texte dans sa paradoxale complexité/simplicité. C’est peut-être ce qui me relierait à Godart, le goût du texte, clairement plus prononcé que celui de la narration.
Cette semaine, excitation aux essayages de costumes. Emilie et Anne-Aurélie sont gonflées, elles respectent les formes d’une époque pour les détourner dans des tissus aux couleurs claquantes. Je craignais un peu que les acteurs soient réticents. Au contraire, l’habit fait le moine, je les trouve plus affirmés ensuite sur le plateau.
La scénographie également m’enchante. Bertrand et Charles m’emmènent dans leur local, je découvre les constructions, admire les patines. Un long couloir vitré pour Hollywood et dans la transversale, ces immenses pans du mur de Berlin, avec à l’avant une étendue de sable. Les différentes époques se côtoient et s’éclairent mutuellement, comme les fragments d’un rêve dont on se réveille le cœur lourd de sensations indicibles.
C’est peut-être ce que je tente de faire, mettre en scène l’indicible.
Faire entendre le texte, pour que surgisse ce qui n’est pas dit.
Les gros plans filmés commencent doucement à trouver leur temps de projection.
Je me surprends enfin dans la direction d’acteurs, dans mon obstination à chercher avec eux le son juste, le rythme juste.
On ne peut travailler un texte sans s’interroger sur son rythme.
J’ai eu un immense plaisir à découvrir l’ombre du personnage de Fredericksen, d’abord dans la menace, puis dans le mysticisme, la pureté et la chute. Ce n’est que cette semaine que j’ai osé proposer la démesure dans le phrasé.
De même pour Richard. Séducteur passif, Richard doit crier son angoisse. On ne se noie pas en silence. On ne chuchote pas quand on appelle à l’aide. Oser le cri pour entendre ensuite le silence. De Richard ne restera qu’une image. Silencieuse. Celle d’un absent.
Et soudain, jeudi soir, à la fin du filage, cette intuition : ne plus entendre Norma, lui retirer la parole avant d’exposer son corps à la morgue. Une bouche qui articule son désarroi, mais dont les mots sont couverts par le son d’un néon qui les étouffe.
Je ne sais pas si nous savons ce que nous faisons.
C’est notre force.
Vendredi, je repars à Paris. L’équipe monte la lumière et la scéno. Je reçois une photo.
Une image.
Lundi, je serai dans l’image.
Billet de Anne Théron
Janvier 2013
ENSATT
REPETITIONS : du 7 janvier au 16 février 2013
Le Blog des créations : L'équipe artistique poste chaque semaine des billets, des photos... pour dire où en est la création, les avancées, les tentatives, les doutes...
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